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10 septembre 2011

Y a pire que d'être étranger

Shezhen vient d'être élue deuxième pire ville du monde pour son trafic routier par une étude internationale, derrière Mexico City. Paris arrive 13è.

Tout le monde vous le dira: si t'es étranger, faut pas mettre les pieds à Shenzhen. On va te dépouiller, te rouer de coups, t'arnaquer et si tu ne meurs pas d'un accident de la route tu mourras d'une crise d'allergie à la pollution - ici le ciel est si poisseux qu'on peut regarder le soleil dans les yeux, ça fait écran (n'allez quand même pas vous brûler la rétine hein). Heureusement, moi j'habite pas à Shenzhen mais juste à côté. Mais faut nuancer: comme dit Sandra, "si t'es étranger, ils savent que tu iras te plaindre à ton consulat, et qu'ils auront de gros ennuis. Alors ils préfèrent s'attaquer à leurs compatriotes."

Avant de continuer à écrire, je me dois d'expliquer pourquoi mes posts au Japon ressemblent à une litanie de louanges alors que mes posts en Chine ont l'air d'une liste de défauts. Bien sûr la Chine c'est super, si j'aimais pas ce pays je n'y retournerais pas chaque année. Tout le monde sait que la nourriture est excellente, le coût de la vie extrèmement bas, les paysages fantastiques et la culture fascinante; et le Japon a bel et bien de gros défauts. Mais si les chinois sont très cash, n'hésitant pas à critiquer vivement les travers de leur pays et de leur gouvernement quitte à noircir le tableau ("Y a rien à voir en Chine, t'as pas l'impression de perdre ton temps ici ?"), les japonais ont  plutôt tendance à vanter les qualités de leur style de vie et à tourner même les défauts les plus évidents en "différences culturelles". Je sais qu'être expatrié au Japon n'a rien d'une sinécure, qu'il faut en baver pour ouvrir un compte en banque, louer un appart ou acheter un téléphone sous prétexte qu'on est étrtanger, qu'il y a des quotas autorisés de telle et telle religion, mais ce n'est pas le genre de chose dont les japonais vont me parler naturellement, même quand ils sont au courant de ces partiques. Je ne connais pas assez la culture et la langue japonaise pour analyser ces problèmes et livrer une critique avisée ici. Alors que je peux sans remords retranscrire les critiques de la Chine par les Chinois : c'est pas moi qui le dit, c'est eux. Je n'ai jamais eu droit à une critique sincère du Japon de la part d'un japonais, le mieux que j'ai eu c'est cette magnifique phrase d'Usami (sobre) : 

 "Nous les japonais, on est sales, on est tooouus sales, on boit notre urine et on descend directement des insectes."

Mais bien sûr. Tant de sincérité me confond :°/ !

Donc comme je disais, être étranger à Shenzhen n'a pas l'air facile, même si je passe mon temps à me faire promener, payer des repas etc. Mais être chinois à Shenzhen n'est pas non plus évident. Il y a de bons côtés à vivre dans une grande ville, mais il y a aussi de très mauvais côtés.

Par exemple être enfant. La grosse majorité des gosses sont bien nourris, voire pourris-gâtés, vont à l'école. Mais les enlèvements d'enfants sont une menace réelle pour leurs parents. L'autre jour, me joignant à une foule rassemblée au bord de la route, j'ai assisté à un spectacle de rue. Une toute petite fille faisait des acrobaties. Puis elle s'est approchée en tremblant d'un gros coffre, l'a ouvert, et s'est enfuie d'un air effrayé. Je pensais que ça faisait partie du spectacle, mais les adultes de la troupe ont juste continué le show comme si de rien n'était.

"Sandra - Tu veux continuer à regarder ?
Moi - Non. Cette petite fille me fait pitié.
S- Oui, elle a vraiment eu peur de quelque chose, pauvre enfant.
M - C'est la nuit, elle devrait être en train de dormir ou de faire ses devoirs. Sa vie ne doit pas être facile.
S - Tu sais, ces gens ne sont probablement pas ses parents. Les enfants des troupes itinérantes sont souvent des enfants kidnappés. Un jour ils disparaissent, et personne ne sait ce qu'ils sont devenus. Ce sont des choses qui arrivent vraiment."

Une autre fois, nous discutions en attendant le bus, quand un gamin potelé est sorti de nulle part, trottinant maladroitement sur ses jambes arquées. Il n'y avait personne à l'horizon, personne d'autre que nous dans les parages. Sandra, effarée, a vivement interpelé le garçon: "Petit camarade ! Ca ne va pas de te promener tout seul comme ça ?!  C'est dangereux, où sont tes parents ? Rentre vite chez toi !". Sans lui jeter un regard, il a continué son chemin et a disparu en zigzagant dans une ruelle sombre.

"C'est comme ça que les enfants disparaissent. Ses parents tiennent probablement une boutique dans les parages, ils sont occupés avec un client, ils n'ont pas le temps de s'occuper de leur gosse. Pendant qu'ils ne regardent pas, le gamin s'échappe. Tu as vu comme il court vite, alors qu'il ne sait même pas où il va ? En quelques instants il est hors de vue. Une aubaine pour les kidnappeurs d'enfants. Ensuite ils iront le vendre."

Le vendre, peut-être à des gens qui n'ont pas d'enfants, où qui n'ont que des filles et qui veulent un garçon, ou au contraire qui veulent s'assurer une belle-fille docile pour leur fils. Mais ça, c'est juste moi qui l'imagine. En réalité, je ne sais pas où finissent les enfants vendus. Il faut aussi relativiser ce que dit Sandra: en l'absence de statistiques, difficile de savoir s'il s'agit d'un phénomène marginal ou d'une menace récurrente.

Demain, je continuerai sur les vicissitudes de l'âge adulte à Shenzhen...

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Commentaires
M
oui, j'ai déjà vu des reportage sur ce sujet, c'est assez terrifiant, mais parfois (exceptionnellement) la police retrouve les vrais parents des enfants. ERnfnats qui ne reconnaissent même plus leurs parents...<br /> C'est bien de nous montrer toutes les facettes de la ville.
P
tu sais nous on a shengen ou tout le monde peut aller partout sans controle en europe, du coup ça laisse aussi pas mal de place piour toutes sortes de trafics et traffics... comme qouio tu vois souvent une lettre peut changer les mots mais pas le fond!!!; Mais je comprends bien ton ressentiment quand à ces choses que tu decouvres et dont on entend vaguement parler dans des reportages quelques fois, il y a ce que tu vois en Chine et encore ce que tu ne vois pas; tu serais à RIO idem; Djakarta pas mieux, sowetho.. a voir! profites donc des bonnes chose dont tu peux profiter et continue de nouis narrer (j'ai pas dit narguer :=)
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