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Vous avez reçu du courrier
28 juin 2009

Premiers contacts avec des japonais: sugooooooi ne !

Aujourd'hui, réveil à 7h30 pour être à l'heure au rendez-vous avec Mr Kawai, que l'on doit rencontrer pas loin de l'hotel. On se prépare et on part en avance, pour qu'Eloise vérifie ses mails sur l'ordi du hall. Et là, pendant qu'elle est occupée et que je regarde ailleurs, un monsieur apparaît soudain et dit toutes sortes de choses, nous demande si on est « Rana » et « Eroisu ». Oui, c'est nous. Ah ben c'est Mr Kawai,il a décidé de venir nous chercher à l'hotel car Mme Marret lui a dit qu'Eloise était malade.

Youpi, sous le coup de la surprise, on oublie toutes les belles phrases de présentation bien polies qu'on doit dire, Eloise rit nerveusment, je bégaye,  on a à peine le temps de le remercier qu'il s'en va se garer plus loin, après nous avoir expliqué que Mme Marret lui a demandé d'emmener Eloise à l'hôpital.

Mais comme Elo va vraiment mieux, on ne sait finalement pas si ça vaut le coup, et puis ce n'est pas tout près.

Allez, parce qu'il ne faut pas jouer avec la santé, on décide d'y aller, Mr Kawai qui s'est rendu compte qu'on ne capte rien à ce qu'il dit nous offre des Cocas et passe des coups de fils à l'entreprise, comme quoi on ne comprend pas le japonais et qu'il se demande comment faire à l'hôpital.

Passons les détails, à l'hôpital on donne des comprimés à Elo et Mr Kawai nous apprend qu'il y a 100 personnes qui tavaillent à l'entreprise et qu'il y aura un dîner d'accueil ce soir, où on mangera des sushis de pieuvre (« vous aimez les sushis ? Ah, tant mieux ! »). Panique à bord, un dîner d'accueil ?!  Est-ce que c'est là qu'on doit donner les cadeaux qu'on a préparé pour le grand chef, et notre fiche d'évaluation de stage ? Est-ce que je vais vraiment devoir y aller avec mon T-shirt de 2 jours, vu que, surprise par l'arrivée de Mr Kawai, j'ai pas eu le temps d'en acheter un autre ?

Bon, restons calme, advienne que pourra, je suis trop fatiguée pour stresser longtemps. On arrive enfin à l'entreprise, après quelques laborieuses tentatives de conversation.

En entrant dans le dortoir,  je tente d'offrir ma petite boîte de chocolat à Mr Kawai pour sa patience (plus d1h à l'hôpital !), je dis la formule traditionnelle comme quoi c'est un petit témoignage de reconnaissance, courbette et tout... Et il m'écoute d'une oreille avant de répondre: « Non non, ça va. »

Un peu étonnée, j'insiste, il s'est vraiment montré très gentil après tout ! Je répète ma phrase et ui tends la boîte des deux mains, comme on m'a appris, re-courbette. Il l'attrape avec un vague merci et se met à discuter avec quelqu'un d'autre. Bon... J'aurais mieux fait de garder ma boîte, aujourd'hui je regrette de ne rien avoir à offrir aux gens super chouettes autour de moi, mais sur le moment, j'avais vraiment l'impression d'avoir fait ce qu'il fallait !

Mr Kawai nous pésente alors une dame, je ne comprends pas bien qui c'est (en fait c'est l'équivalent de la concierge, c'est la « maman de tout le dortoir », la seule qui doit dépasser 21 ans ici !), et puis on nous montre nos chambres. Elles me donnent l'impression d'être immenses ! Elles ont la télé, et en plus la mienne a une magnifique table basse et un fauteuil massant, et un petit rideau à l'entrée, la clim, une horloge des tas de rangements, des moustiquaires aux fenêtres... Il y a des tatamis par terre, je n'avais même pas reconnu, et je commets l'impair de marcher dessus avec mes pantoulfes (je vous expliquerai les pantoufles plus tard...).

Peu de temps après nous avoir laissé nous installer (sans bagages c'était pas très long), Mr Kawai revient nous présenter une jeune fille aux cheveux vaguement décolorés, et dans un mélange de japonais et d'anglais, me fait comprendre qu'il s'agit de la « leader » du dortoir. Chihiro (comme dans le film Le voyage de Chihiro) deviendra par la suite quelqu'un de très important dans notre vie à l'entreprise !

D'ailleurs, aussitôt Mr Kawai reparti (je ne l'ai plus revu après, et pour être honnête je ne saurais pas le reconnaître.... :( ), elle nous propose d'aller bavarder dans la cuisine.

Bavarder, c'est beaucoup dire; on échange quelques mots et beaucoup d'éclats de rire autour d'un dico japonais-anglais. On rencontre aussi Kame-chan (il paraît que c'est un surnom) dans la cuisine, elle est un peu mal à l'aise et je me propose pour l'aider à préparer une sorte de petits gateaux qu'elle nous présente comme des madeleines. Pendant qu'on fait la pâte avec Elo, Chihiro fait beaucoup d'efforts pour communiquer, elle est pleine d'allant et de joie de vivre et même si je me désole de notre peu de capacité en japonais, nous passons un agréable moment.

Après ça, elle nous propose d'aller faire du shopping. OK, pourquoi pas ! On sort et on rencontre un inconnu au visage rond comme la lune et à l'air jovial. Kame-chan, Chihiro et ce Mr, Mr Gamachi, discutent quelques minutes et je comprends qu'elles lui demandent de nous emmener au supermarché en voiture. Lui, bonne pâte comme le laissait présager sa figure, accepte et nous ouvre les portes (automatiques) de la voiture.

Et là, tête en l'air comme je suis, je me rends compte que j'ai oublié mon portefeuille dans ma chambre ! Quand à Eloise, un peu perdue avec tous ces mots japonais, elle n'avait pas compris pourquoi on allait dehors. Les chambres sont à deux pas, mais Chihiro décrète que Gamachi-san va payer les courses aujourd'hui, et lui acquiesce avec entrain.

Nous, très gênées: non, non, on va chercher nos sous !

Lui: Mais ce n'est que pour aujourd'hui ! Je paye le shopping !

L&E: Euh merci, merci beaucoup ! Merci ! (la phrase qu'on va répéter 400 fois par jour, et c'est plus long en japonais qu'en français)

On va au supaa (supermarché) du coin, plutôt grand, et on cherche des petits déjeuners en s'extasiant sur plein de trucs bizarres. Chihiro nous propose du pain français, on choisit plutôt de la nourriture japonaise. Comme c'est le week-end, la cantine est fermée, du coup on prend aussi un déjeuner: un Okonomiyaki (omelette-crêpe) et des Takomiyaki (boulettes à la pieuvre). Je remarque alors un truc super louche, comme des oeufs de poisson géants, ou bien des yeux de je ne sais quoi et je m'approche pour regarder.

Moi: C'est quoi ça ?

Kame-chan: Euh... (elle dit un nom). C'est sucré.

M: C'est un fruit ?

K: Non, euh... C'est difficile...

Chihiro, surgie de nulle part: C'est délicieux ce truc ! Tu veux en manger ?

K: Elle me demande si c'est un fruit... Ha ha !

Eloïse: c'est des oeufs ?

C: Non ! Tu en veux ?

Ca a l'air gluant, c'est translucide et puis c'est pas moi qui paye, alors...

M: Euh, non, merci.

C, déçue: Pourquoooooi ? C'est bon !

M: OK... Je veux bien en manger.

Chihiro est ravie et elle nous prend aussi des boissons étranges. On ne peut rien lire, c'est des kanjis partout ! On paye et puis on s'en va. On mange dans la chambre de Chihiro, elle continue à essayer de communiquer, c'est dingue, elle n'est jamais fatiguée, même si elle doit parler toute seule et chercher un mot sur trois dans le dico, faire des grimaces et parler avec les mains.

C'était très bon, et les boulettes étaient une sorte de pâte sucrée que l'on roule dans de la poudre d'arachide. Ensuite on écoute de la musique, on regarde le début d'un film, Ponyo, et on rencontre encore quelqu'un d'autre, une autre fille décolorée( c'est la grande mode apparemment), Tomoko. Pour retenir tous ces noms, c'est vraiment la galère, et puis toutes les filles ont la même décoloration de cheveux, enfin on n'avait encore rien vu...

...Et c'est déjà l'heure du diner d'accueil. Moi je crois qu'on va aller juste à côté avec Chihiro, dans la cantine de l'entreprise, et c'est ce qu'il semble au premier abord. Du coup je n'emmène rien avec moi. Mais en fait, on va dans une pièce où elle nous présente un type, on ne comprend rien comme d'hab, le monsieur nous donne sa carte de visite qu'on fait semblant de lire et puis s'en va. On en profite pour glisser les cartes dans nos poches, bien que ça soit très impoli au Japon, vu qu'on a pas nos portefeuilles.

Et puis là, Chihiro me fait comprendre qu'il s'agit du chef de l'endroit.

«Moi: Le grand chef de l'entreprise Xx co. , Mr Xx ?

-Nooon, le chef d'ici (elle cherche dans le le dico), le chef de l'usine d'ici.

-Aaaaaah ! Le chef d'ici ! »

Horreur, on a oublié notre cadeau ! On pensait devoir le donner à Mr Xx, mais il semble bien qu'on ne doive pas le voir du tout, alors on court chercher la jolie boîte de confiseries lyonnaises et en revenant, on l'offre au chef de l'usine avec la formule d'usage. Il accepte avec un grand sourire qui fait disparaître ses yeux, s'incline légèrement, la pose avec soin sur son bureau, et on monte dans une voiture, le chef , Chihiro, Tomoko, Elo et moi. Kame-chan ne vient pas, par contre Gamachi-san nous suit en voiture.

J'ai vraiment l'impression qu'on nous promène, on ne sais jamais ce qui va se passer ni où on va.

Dans la voiture du chef il y a la télé et deux GPS dont un en 3D. On arrive un peu mieux à discuter, des fois on aquiesce joyeusement alors qu'on comprend la moitié de la phrase. Le chef (comme pas mal de hauts placés dans l'usine en fait) est déjà allé en France, il a un billet de 100 francs (même moi j'avais oublié à quoi ça ressemblait), il pose plein de questions et quand je ne comprends pas ou quand je réponds à côté, Chihiro est toujours là pour rigoler et s'exclamer « Tu ne comprends pas, pas vrai !? Un peu ? Tu es, sûre, tu comprends ? » et pour expliquer. Elle nous fait répéter une phrase alors qu'on regarde des vieilles pièces de monnaie japonaise, on répète gentiment, et en fait, il s'agissait de demander à garder les pièces comme souvenir... Le chef accepte en souriant, j'ignore s'il s'agit de pièces de valeur ou pas...

Sur le chemin, au fil de la conversation, on explique que j'ai oublié mon dico dans ma valise qui ne sera livrée que le lendemain. Du coup, je dis aussi que j'aimerais m'acheter un dico électronique, car  c'est très pratique et mon dico ne fait que japonais-français. Le chef nous répond que c'est cher et  demande si on connaît Ninja House, un endroit de la région célèbre pour ses... Ninjas. Je ne connaissais pas encore son caractère, alors je réponds que oui, je connais et que c'est sugoi (génial. Tout le monde n'a que ce mot à la bouche...). Plus tard, j'apprendrai à faire la différence entre discussion dirigée et conversation... Là c'était la partie discussion dirigée . En effet, quelques minutes plus tard, on s'arrête à un énorme magasin sur plusieurs étages, bien sûr Elo et moi on ne sait pas trop ce qu'on fait là, peut-être que le resto est dans le magasin ? En fait, on va à l'étage librairie, et le chef fonce direct aux dictionnaires pour nous en acheter un beau et très complet ,japonais-français et vice versa. (Du coup, je me dit que peut-être qu'il va aussi vouloir nous emmener à Nija House, bien que ce soit loin en voiture ! Et bien quelques jours plus tard, en effet, il nous propose d'y aller...)

On commence par refuser poliment, ébahies, puis on se confond en remerciments, mais déjà Chihiro nous entraîne plus loin, on plante le chef là et on va dans la partie « fête foraine », où on peut gagner des scarabées géants, de la nourriture etc... Les filles nous font faire plein de photos de groupe dans un photomaton géant, où on personnalise toutes les images avec un écran tactile, on met des petits coeurs et ce genre de choses, qui sont ensuites envoyées directement par mail sur leurs portables hi-tech !

Finalement on repart en voiture, et on arrive dans un resto traditionnel de sushis, il n'y a que nous 6 ! Je trouve tout très bon, le repas est interminable, on mange des sashimis (divers poissons crus, du calamar cru, de la pieuvre crue, de coquillages crus), des sushis, du daikon cru (radis), de la soupe de coquillages, d'autres coquillages, du poisson cuit, du riz, de l'anguille cuite posée sur des glaçons, de la méduse crue avec une sauce acide et encore d'autres  boulettes de riz enveloppées de poisson cuit. Le le chef essaye de nous dessiner les plats qu'on mange  et diverses choses sur le papier qui enveloppait les baguettes, ce qui est encore l'occasion d' une bonne partie de rigolade. C'est là que je comprends que Kame-chan signifie « La tortue », c'est pas forcément gentil et donc je décide de l'appeler plutôt par son vrai nom (que l'on me dira plus tard: Manami).

Pour les filles aussi, la méduse et l'anguille, c'était une grande première ! La méduse ça croustille, c'est marrant. Il y a au moins trois tournées de bière (d'habitude j'aime pas mais elle n'est pas très amère, et ça fait très plaisir à tout le monde qu'on en prenne), et une ou deux tournées d'un saké bien sucré (là aussi les deux hommes sont ravis, on boit du saké, yahou c'est un bon prétexte pour en commander ! Enfin c'est moins bizarre que le type qui m'a proposé tout naturellement de fumer une cigarette dans la salle de réunion.). Sur le coup je n'ai même pas pensé que je pourrais être ivre, l'usage veut qu'on se serve  et resserve les uns les autres avant que le verre ne soit vide et du coup je ne sais pas combien de verres de bière j'ai bu.  Au moins trois grands et peut-être plus, moi qui bois rarement. Mais par chance, j'avais l'esprit parfaitement clair à la fin du repas !

Après moult compliments sur notre usage des baguettes, le chef nous fait difficilement comprendre qu'il nous invite la semaine suivante à voir sa fille enseigner la calligraphie. Elle va me faire un tampon calligraphié à mon nom si j'ai bien compris, rien que ça !

Et ce n'était pas encore fini ! La tenancière du resto nous offre des petits étuis à cure dents en washi, très beau papier épais décoré (Chihiro: « Moi aussi j'en veux ! Je peux ? C'est joli !  »). Sur le chemin du retour, dans la voiture après que tout le monde ait déclaré à plusieurs reprises avoir le ventre plein (onaka ippai, j'ai plus faim), Chihiro voit un magasin de glaces.

Chihiro: J'aime les glaces ! Je veux y aller ! (elle pointe le glacier du doigt)

Tomoko: Moi aussi, je veux y aller !

C, à nous: Vous voulez aller manger des glaces ?

Moi: Chihiro, tu n'as pas dit que tu avais le ventre plein :) ? Moi oui.

Elo: Moi aussi...

C: Betsubara, be-tsu-ba-ra ! (expression qui revient souvent, et qui dans la bouche d'une gourmande, doit signifier quelque chose comme: on a toujours une petite place pour les sucreries !)

C et T: Betsubara ! Allons-y, allons-y !

M: Mais, je n'ai plus faim, je n'en veux pas, merci beaucoup...

Le Chef, mort de rire: On prendra des glaces à emporter !

Aller manger des glaces en pleine nuit avec son boss, tu parles d'un strict respect de la hiérarchie !  Enfin, j'avoue que lui et Chihiro ont une relation bizarre, elle est un peu son espion et il a dû la nommer responsable de notre bien être, elle lui raconte tout ce qu'on lui dit, mais de toute façon Chihiro mène tout le monde par le bout du nez, je suppose que tout le monde l'adore ! C'est encore le chef qui nous a payé les glaces, et Chihiro et Tomoko ont pris des triples cornets. Après Chihiro m'a avoué qu'elle avait eu mal au ventre, betsubara, pas tant que ça finalement !

Ensuite, on rentre enfin après cette journée incroyable, le chef s'en va et Chihiro propose qu'on prenne un bain à la japonaise, càd tout le monde tout nu dans la même grande baignoire. Euh... Merci, mais c'est trop pour moi ! Je ne sais pas quoi dire, je préfère plutôt prendre une douche. Mais elle a bien compris le problème et m'explique que la douche, c'est aussi avec tout le monde. J'ai l'air dépité, je propose de prendre une douche demain matin et d'ailleurs ma serviette et mon pyjama sont dans ma valise qui n'est pas encore arrivée. Finalement, elle me prête deux serviettes et un haut de pyjama et me trouve un créneau où la salle de douche est vide.

Ouf ! J'ai encore du mal à croire à tout ce que j'ai vécu en une journée, mais c'est déjà l'heure de dormir et d'étrenner mon futon. La prochaine fois je vous raconte comment on a fait un BBQ avec le fils du grand chef  et des potes avant d'aller nager dans une rivière, pourquoi on va ramener des tonnes d'enveloppes de toutes les couleurs et comment j'ai oublié le texte de mon discours devant 95 personnes. Et aussi, les glaces japonaises, les pantoufles, la  politesse difficile, les gestes bizarres, les repas  de la cantine, le français au japon, la pâte de haricots, les conversations, nos collègues...

P1040067

De droite à gauche: Manami-san, Chihiro, Eloise. Au supaa !

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